CIE LA TERRE QUI PENCHE

Présentation

« Enfant, un mot, un seul, et je partais en voyage. Le mot était comme une valise remplie de promesses. Je pouvais me le répéter, l'écouter ou jouer avec les sons qu'il produisait. Une sonorité, une syllabe, un rythme et je ressentais une matière, un espace, une émotion. Je me souviens du mot « Orléans » qui m'a longtemps accompagnée. Je ne connaissais pas cet endroit, cette ville, mais ce mot était pour moi comme un mystère à lui tout seul chargé d'histoires magiques. Adolescente, j'avais peur d'utiliser certains mots trop précieux pour moi, peur qu'ils puissent se révolter de n'avoir pas été utilisés à bon escient. Je me souviens de ma découverte à haute voix d'un extrait des « Noces » de Camus : « Le Vent à Djemila » où j'ai eu l'impression d'être là-bas et d'éprouver les sensations décrites. Plus je grandissais, plus je découvrais des auteurs, des poètes et plus des mots restaient accrochés en moi, et plus j'avais envie de les partager. Mes premiers mots sur scène étaient des poésies d'Henri Michaux, ils sont toujours là au fond de moi... Aujourd'hui les mots ne me lassent pas et ne me lâchent pas... »